Journaliste en danger (JED) s’insurge contre l’ordre donné, le mercredi 8 avril 2020, aux médias de la province du Sud-Kivu (Est de la RD Congo) par le Gouverneur de province, de ne plus diffuser les bulletins d’informations de l’Institut National de Recherche Biomédicale (INRB, l’instance officielle en charge du dépistage du Covid-19), sans son autorisation préalable ou celle de ses services.
Cette décision a été annoncée aux journalistes par le Gouverneur de province, Théo Ngwabidje, au cours d’une conférence de presse qu’il a tenue, le même jour, à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu.
« (…) je vous demande de vous fier aux informations du Gouvernement provincial. C’est nous qui envoyons les prélèvements à Kinshasa. Quand le bulletin de l’INRB arrive, la province doit aussi confirmer. Eviter de publier des fausses informations. Avant d’exploiter le bulletin de l’INRB, il faut d’abord se référer au Gouverneur de province ou au Ministre provincial de la Santé. C’est moi qui doit communiquer sur cette maladie dans le Sud-Kivu ou mes services », a déclaré en substance le Gouverneur.
Depuis le 10 mars 2020, la ville de Kinshasa est officiellement qualifiée comme le foyer de la pandémie du Covid-19 en RD Congo avec plus de 150 cas dépistés par l’INRB. Mais le virus a fini par atteindre, dans un laps de temps, les provinces de l’Ituri, du Nord-Kivu et du Sud-Kivu. Mais dans ces provinces, il s’observe parfois des contradictions entre les statistiques publiées par les autorités et celles de l’INRB.
Tout en reconnaissant la gravité de la situation due à la propagation de Covid-19 en RD Congo, et la nécessité pour les médias de diffuser des informations fiables, face à la montée des « fake-news », Journaliste en danger (JED) qualifie d’aberrante cette censure préalable qui remet en cause la liberté et l’indépendance des médias dans la collecte et la diffusion des informations en leur possession.
« En aucun cas le gouverneur ne peut se poser en censeur, ni décider de ce qui doit être diffusé ou pas par les médias. Même en cas de contradictions entre les statistiques données par l’INRB et les autorités, c’est le droit des journalistes de relever ces contradictions », estime Tshivis Tshivuadi, Secrétaire général de JED.
JED demande instamment au Gouverneur de province de mettre fin à toutes formes d’interférence dans le travail des médias, et de laisser les journalistes de sa juridiction exercer librement leur profession en exploitant les sources qu’ils jugent crédibles.