Kasaï Central : L’armée et les miliciens font régner la terreur sur la presse

Journaliste en danger (JED) est vivement préoccupée par le sort de deux journalistes de la province du Kasaï Central (Centre de la RDC), contraints de vivre dans la clandestinité à cause des menaces directes dont ils font l’objet de la part des éléments des forces armées et d’un groupe de miliciens qui s’affrontent depuis 72 heures dans cette partie de la RD Congo.


Selon nos informations, Sosthène Kambidi et Fabrice Mfwamba, respectivement journaliste de la Radio Télévision Chrétienne (RTC), émettant à Kananga, chef-lieu de la province du Kasaï Central, et de la Radio Communautaire Moyo, station émettant à Tshimbulu, ville située à environ 160 Km de Kananga, reçoivent, depuis le vendredi 10 février 2017, des menaces proférées, pour le premier, par des militaires des FARDC, et pour le second, par des miliciens du chef traditionnel connu sous le nom de « Kamuina Nsapu ».

Sosthène Kambidi a, au cours du journal du vendredi 10 février 2017, fait état d’une quarantaine de personnes tuées par des miliciens du chef traditionnel Kamuina Nsapu, dont les enfants soldats  armés d’armes blanches, qui ont attaqué la ville de Tshimbulu. Après avoir diffusé cette nouvelle, un groupe d’éléments des Forces Armées de la RD Congo s’étaient rendu à la résidence du journaliste à sa recherche. Ne l’ayant pas trouvé, les forces de sécurité se sont, par la suite, dirigés vers une terrasse que fréquente régulièrement le journaliste où ils ont l’ont longuement attendu. Informé, Sosthème Kambindi a décidé de fuir sa maison et vit désormais dans la clandestinité.

Fabrice Mfwamba est, quant à lui, accusé par des miliciens de de Kamuina Nsapu d’avoir « collaboré » avec le commandant chargé des opérations des FARDC dans la ville de Tshimbulu.

Contacté par JED, Fabrice Mfwamba a déclaré : « Nous avions été informés de l’attaque des miliciens dans la ville de Tshimbulu. C’est alors que nous avions décidé de débrancher tous nos matériels et de fermer la radio pour raison de sécurité. Au moment où j’ai quitté la radio, j’ai rencontré le chargé des opérations des FARDC qui m’a demandé d’alerter la population de ne pas fréquenter la principale avenue de Tshimbulu, car les FARDC vont lancer un assaut contre ces miliciens. J’ai porté cette information à la connaissance du chef du quartier et certaines personnes que j’ai croisé sur mon chemin. Pendant que j’ai propagé cette nouvelle, j’ai été informé que ma maison était prise d’assaut par un groupe de miliciens à ma recherche. Depuis, j’ai décidé de ne plus passer la nuit chez moi et de ne plus me rendre à ma rédaction ».

Pour Journaliste en danger (JED), ces menaces ciblées contre les journalistes constituent des atteintes graves à la liberté de l’information. Elles visent à faire taire des journalistes qui deviennent des témoins gênants de cette tragédie.

Dans un communiqué, la Mission de l’Organisation des Nations Unies

pour la Stabilisation au Congo (MONUSCO) condamne les violentes atrocités commises par les milices « Kamuina Nsapu », ainsi que l’usage disproportionné de la force par les FARDC dans leur réponse à la situation. Ces affrontements auraient fait entre 30 et 50 morts, selon la MONUSCO.

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