Reporters sans frontières (RSF) et son organisation partenaire Journaliste en danger (JED) demandent à Félix Tshisekedi, nouveau Président de la République Démocratique du Congo (RDC,) de protéger les journalistes et de mettre fin à l’impunité pour les crimes commis contre la presse dans l’un des pays les plus hostiles à l’égard des médias en Afrique subsaharienne.

Dans son discours d’investiture prononcé jeudi 24 janvier, le nouveau Président Félix Tshisekedi s’est engagé à promouvoir la presse et les médias pour en faire “un véritable quatrième pouvoir. Il a également promis d’œuvrer pour le respect des droits fondamentaux et d’initier prochainement une “campagne de sensibilisation des détenteurs de l’autorité”. Une mesure urgente. Depuis son élection, RSF et JED ont déjà recensé deux attaques des forces de l’ordre contre des journalistes. Le directeur de publication adjoint du site d’information Actualite.cdStanis Bujakera Tshamala et le correspondant de TV5 Monde dans le Sud-Kivu, Joseph Amani, ont été agressés par des policiers et leur matériel saisi en marge de rassemblements de partisans du candidat Martin Fayulu les 21 et 24 janvier à Kinshasa et Uvira dans l’est du pays.

L’investiture du nouveau Président s’est accompagnée d’un retour du réseau internet, coupé pendant 21 jours en marge des élections, et de quatre médias suspendus ou coupés dont  Radio France Internationale (RFI), et trois télévisions proches de l’opposition à l’ancien président Joseph Kabila : Canal Congo Télévision (CCTV) propriété de Jean-Pierre Bemba, Nyota TV appartenant à Moïse Katumbi et Jua TV de Jean- Claude Muyambo.

“Le caractère historique de cette première transition politique pacifique dépendra largement de la politique qui sera menée par le nouveau Président, notamment pour protéger les journalistes, garants de la démocratie et de l’ère nouvelle que le nouveau Président a appelée de ses voeux, estime Arnaud Froger, responsable du bureau Afrique de RSF. Les reporters étant parmi les premières victimes des agressions policières et des arrestations arbitraires en RDC, nous exhortons les nouvelles autorités à honorer rapidement la promesse faite de sensibiliser les forces de sécurité au respect des droits et libertés des journalistes à exercer leur mission d’information sans crainte de représailles”.

“Tout en saluant cet engagement du nouveau Président, JED estime que le Quatrième Pouvoir ne peut être effectif que si des réformes profondes et urgentes sont engagées dans le secteur des médias, aussi bien sur le plan institutionnel, que du cadre légal du travail des journalistes. Il s’agit, notamment, d’accélérer le processus de la dépénalisation des délits de presse, l’adoption de la Loi sur l’accès à l’information, et l’ouverture  de la radiotélévision nationale à tous les courant d’opinion” estime Tshivis Tshivuadi, Secrétaire général de JED.

En 2018, la RDC est le pays dans lequel RSF a enregistré le plus d’exactions contre les journalistes et les médias en Afrique subsaharienne. Parmi les 110 atteintes à la liberté de la presse recensées dans ce pays, nous avons compté 53 arrestations arbitraires, 31 actes de violence, deux journalistes pris en otage, six médias fermés ou suspendus, et plusieurs jours de coupures internet.

La RDC occupe la 154e place au Classement mondial de la liberté de la presse établi par RSF en 2018.

 

 

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