JED :   LA RDC CLASSEE « ZONE ROUGE » POUR LA LIBERTE DE LA PRESSE DANS UN CONTEXTE DE CHAOS POLITIQUE ET SECURITAIRE

La célébration en République Démocratique du Congo, mercredi 03 mai 2017, de la Journée mondiale de la liberté de la presse, pourrait être la dernière du règne de Joseph Kabila, au pouvoir depuis 17 ans.

Alors que l’actuel Président de la République doit quitter le pouvoir à la fin de cette année, au terme de son deuxième et dernier mandat expiré en décembre 2016, mais prolongé par un Accord politique signé le 31 décembre 2016, dit « Accords de la Saint Sylvestre », il laisse derrière lui une presse exsangue, des médias sinistrés et des journalistes livrés à eux-mêmes et à la violence d’Etat.

Année après année, la situation générale de la liberté de la presse au Congo-Kinshasa accuse un inquiétant recul aussi bien concernant le nombre toujours élevé des différentes atteintes au droit d’informer et d’être informé, que  de l’environnement général de l’exercice de cette liberté.

Depuis son accession au pouvoir en janvier 2001, après l’assassinat de son père Laurent Désiré Kabila qui avait prétendu mettre fin au régime dictatorial du Maréchal Mobutu, et en dépit des appels répétés des Organisations de défense de la liberté de la presse pour l’amélioration du climat de travail des journalistes, Joseph Kabila, à travers ses gouvernements successifs,  n’a jamais posé aucun geste, ni politique, ni législatif, ni juridique en faveur des journalistes et de la liberté de la presse.

Bien au contraire : le long règne de Kabila à la tête de la RDC a été marqué par des brimades, des attaques et des fermetures des médias, des arrestations et des violences allant parfois jusqu’aux assassinats des journalistes.

Conséquences : dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans frontières pour 2016, la RDC occupe la 154è place sur 180 pays du monde considérés comme les plus grands prédateurs de la liberté de la presse.

Pour Journaliste en danger (JED) qui publie chaque année des rapports de monitoring sur les atteintes et autres violations au droit à l’information, la situation générale de la liberté de la presse en RD Congo va de mal en pis.

A titre illustratif, alors que JED avait répertorié, fin 2016,  87 cas d’attaques directes et diverses contre la presse, au moins 69 autres cas d’atteintes à la liberté de la presse ont été enregistrés depuis le début de l’année 2017, contre 41 cas enregistrés à la même période, le 03 mai 2016. Soit une augmentation de 28 cas, et qui représente une dégradation de près de 60 % de la situation de la liberté de la presse, dans un contexte général marqué par une  profonde crise politique et sécuritaire.

Depuis le début de cette année, les différentes atteintes à la liberté de la presse se repartissent de la manière suivante :

– 21 journalistes interpellés ou arrêtés

– 20 cas de journalistes menacés ou agressés

– Au moins 26 cas de censure ou de fermeture des médias ;

– 1 journaliste  tué à Mbuji-Mayi  dans des circonstances qui n’ont pas encore été  élucidées

– Dans  le Kasaï central, où un média  a été incendié par des miliciens, au moins trois autres journalistes ont  été contraints  d’abandonner leurs domiciles, pour fuir les violences et les menaces qu’ils ont reçues aussi bien de la part des miliciens que des forces sécurité qui s’affrontent.

Ici à Kinshasa, au moment où nous célébrons cette journée dédiée à la liberté de la presse, 1 journaliste croupit à la prison  centrale de Makala depuis 4 mois sans aucun jugement le condamnant. Sans parler du signal de RFI qui reste brouillé à Kinshasa, et de ces médias appartenant aux leaders de l’opposition fermés depuis plusieurs mois, sinon quelques années à Lubumbashi.

Alors que cette Journée mondiale de la liberté de la presse est placée sous le thème du « Rôle des médias dans la promotion des sociétés justes, pacifiques et inclusives »,  Journaliste en danger (JED) lance un Appel urgent à la décrispation du climat politique tendu dans lequel travaille les médias depuis que le pays s’est installé dans une crise politique profonde.

Cette décrispation passe, notamment par la mise en œuvre des recommandations de l’Accords politique du 31 décembre appelant le Ministre en charge des médias de rétablir, dans les 15 jours, le signal des Entreprises audiovisuelles fermées ou interdites…

JED demande instamment aux Institutions actuelles de la transition vers les élections, de prendre des mesures urgentes que requièrent le renforcement de la liberté de l’information, et la sécurisation des journalistes  face à la montée de l’intolérance politique et aux interférences fréquentes des services de sécurité dans le travail de la presse, pour leur permettre de jouer en toute liberté et indépendance, le rôle qu’on attend d’eux pour promouvoir la paix, la justice et la cohésion nationale dans un pays confronté à une grave crise politique et sécuritaire.

Catégories : A la une

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