La célébration, le 3 mai 2019, de la Journée Mondiale de la Liberté de la Presse en République Démocratique du Congo coïncide avec la mise en place des nouvelles institutions qui sont en train de s’installer à l’issue de l’organisation, le 30 décembre 2018, des élections générales qui ont abouti à la première passation pacifique de pouvoir entre l’ancien Président Joseph Kabila et le nouveau Président élu, Félix Antoine Tshisekedi.
Après 18 ans de pouvoir, le Président Kabila a laissé derrière lui une presse moribonde, des médias sinistrés, et des journalistes livrés à la violence d’Etat. Considérée comme l’un des pires pays en Afrique pour les journalistes, la RDC occupe la 154è place sur 180 pays, dans le dernier classement mondial de la liberté de la presse publié par Reporters sans Frontières (RSF-Paris).
Le long règne de Joseph Kabila à la tête de la RDC a été marqué par des brimades, des attaques et fermetures des médias, des arrestations et violences allant parfois jusqu’aux assassinats des journalistes.
Au total, au moins 14 journalistes ou professionnels des médias ont été tués dans des conditions qui n’ont jamais été clairement élucidées. Dans la majorité des cas, des enquêtes annoncées au lendemain de ces assassinats, n’ont jamais eu lieu ou ont été sciemment bâclées, et ont abouti à des procès qui n’ont pas permis d’identifier les véritables auteurs ou commanditaires des ces meurtres des journalistes, ou les mobiles de ces crimes.
Que ce soit dans les cas des assassinats à Bukavu, à l’Est du pays, de l’activiste Pascal Kabungulu de l’ONG Héritiers de la Justice (2005) et de deux journalistes de radio Okapi, Serge Maheshe (2007), et Didace Namujimbo (2008), de Patient Chebeya à Béni (2010), des militaires en exercice se sont retrouvés dans le box des accusés. Il en est de même pour Franck Ngyke du journal La Référence Plus et son épouse Hélène Mpaka (2005), ou pour Bapuwa Mwamba, freelance à Kinshasa (2006).
Pour JED, ces assassinats sont aujourd’hui le symbole de l’impunité des crimes commis contre les journalistes.
Alors que le nouveau Président Félix Tshisekedi s’est engagé, dans son discours d’investiture, à faire des médias « des véritables 4è pouvoir » ; à œuvrer pour le respect des droits fondamentaux, et à sensibiliser les forces de sécurité au respect des droits et libertés des journalistes à exercer leur mission d’information sans crainte des représailles, JED considère que c’est la gangrène de l’impunité qui encourage l’intolérance contre les médias et entretient l’insécurité pour les journalistes.
Par conséquent, JED demande solennellement aux nouvelles autorités de la RDC de rouvrir les procès de tous les journalistes assassinés sous l’ancien régime de Joseph Kabila, afin que les principaux suspects répondent enfin de leurs actes.
L’Etat de droit souhaité par le nouveau pouvoir doit être la résultante de la cessation de la culture de l’impunité qui a été érigée en système de gouvernement sous le régime du Président Joseph Kabila, au pouvoir pendant 18 ans.
Enfin, JED demande au nouveau pouvoir en RDC de faire de la protection des journalistes, et de la réforme du cadre juridique qui punit les délits de presse des peines de prison, une priorité, s’il souhaite effectivement que les médias deviennent « véritablement un quatrième pouvoir », comme il l’a promis lors de son discours d’investiture.