Dans une correspondance adressée, mardi 27 mars 2018, au Gouverneur de la province du Sud-Kivu (Est de la RD Congo, Claude Nyamugabo, Journaliste en danger (JED) lui a instamment demandé d’user de ses prérogatives pour permettre à la Radiotélévision Vision Grands Lacs (RTVGL), chaîne émettant à Bukavu, chef-lieu de la province du Sud-Kivu, réduite au silence par le directeur local de l’Agence Nationale de Renseignements (ANR) de pouvoir à nouveau fonctionner.
« Par la présente, JED sollicite votre implication personnelle pour faciliter un compromis entre les deux parties et ainsi permettre à la Radiotélévision Vision Grands Lacs de reprendre le plus rapidement possible ses émissions », peut-on lire dans cette lettre.
Selon les informations en possession de JED, le directeur local de l’ANR a ordonné verbalement la RTVGL de cesser ses émissions pour « non-paiement de la taxe de fonctionnement ».
Ainsi, le 2 mars 2018, un groupe d’agents de ce service congolais de renseignements a fait incursion dans les installations de la RTVGL dans le but de récupérer l’émetteur de ce média pour des « motifs administratifs ».
Face à la résistance des journalistes et techniciens trouvés dans les locaux de la RTVGL, ces agents ont procédé à l’interpellation du directeur de ce média en le conduisant dans leur bureau où il a passé plus ou moins deux heures avant de regagner sa rédaction. Le Directeur local de l’ANR lui a intimé l’ordre d’arrêter la diffusion de toutes les émissions jusqu’à nouvel ordre. Par cette mesure, l’ANR exige de ce média le paiement de la taxe de fonctionnement s’élevant à 1.500 dollars américains.
Contacté par JED, un responsable de ce média a affirmé que malgré les difficultés financières auxquelles ils sont confrontés, ils ont accepté de payer cette somme d’argent en négociant un paiement échelonné : « Nous nous sommes résolu de payer à l’ANR une avance de 400 dollars. Le Redoc (directeur de l’ANR, ndlr) a catégoriquement refusé le paiement par tranches. Malgré l’intervention du procureur de la République, le Redoc est resté de marbre ».
Journaliste en danger (JED) considère la décision prise par l’ANR/ Bukavu d’excessive parce qu’elle prive d’informations des milliers d’auditeurs et téléspectateurs de ce média, mais aussi contraint au chômage plusieurs personnes travaillant pour ce média.