Reporters sans frontières (RSF) condamne fermement l’attaque menée par des hommes armés contre la résidence du secrétaire général de l’organisation congolaise de défense de la liberté de la presse Journaliste en Danger, et demande aux autorités d’ouvrir au plus vite une enquête sur cet incident grave.
Six hommes armés, se réclamant de l’Agence nationale des renseignements (ANR), ont tenté à trois reprises, dans la nuit du 29 au 30 décembre 2017, de pénétrer dans la résidence de Tshivis Tshivuadi, le secrétaire général de Journaliste en Danger (JED) à Kinshasa. D’après l’organisation, qui est partenaire de RSF en République démocratique du Congo (RDC), l’un des gardiens a été “roué de coup” et “menacé d’être abattu” s’il ne révélait pas la localisation du responsable de JED, qui s’est avéré ne pas être sur place au moment des faits. JED dénonce une “tentative d’enlèvement” et “demande instamment aux autorités congolaises en charge de la sécurité d’ouvrir une enquête”. L’ONG a également prévu de déposer plainte auprès des instances compétentes.
“Cette tentative d’enlèvement d’un responsable d’une importante organisation de la société civile congolaise est inadmissible, dénonce Christophe Deloire, le secrétaire général de Reporters sans frontières. Une enquête doit être ouverte au plus vite pour faire toute la lumière sur cet incident grave. Au lieu d’alimenter un climat de défiance contre les médias et de multiplier les accusations contre ceux qui les défendent, il est de la responsabilité des autorités de protéger les journalistes et de lutter contre l’impunité des crimes commis contre eux”.
A l’occasion de l’émission Grand Oral 2017, Tshivis Tshivuadi avait rappelé que les autorités étaient à l’origine de 90% des violences subies par les journalistes et avait notamment évoqué la récente décision du vice-Premier ministre d’envoyer des forces de police, dans la nuit du mercredi 6 au 7 décembre 2017, “saccager” les locaux de la Radiotélévision Kindu Maniema (RTKM) à l’Est de la RDC en réaction à une émission qui lui avait déplu. Depuis ce raid, les journalistes de la RTKM sont sans nouvelles de l’animateur radio de cette émission Mila Dipenge ».
JED estime par ailleurs que ses membres sont dans le collimateur des autorités depuis la publication début novembre du dernier rapport annuel de l’organisation sur l’état de la liberté de presse et d’expression en RDC. Le rapport identifie plusieurs “bourreaux de la presse” – parmi lesquels le ministre de la Communication et des Média, Lambert Mende. Ce dernier avait, le lendemain de sa publication, accusé JED “d’activisme politique” , remis en question sa crédibilité et menacé l’organisation.
La liberté de la presse ne cesse de se dégrader en République Démocratique du Congo qui occupe la 154ème place sur 180 au Classement Mondial de la liberté de la presse de RSF en 2017.
Responsable du Bureau Afrique / Head of the Africa Desk
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